Le chant des oiseaux
Le chant des oiseaux est une des caractéristiques du printemps. C’est en effet à cette saison que les mâles chantent à tue-tête, particulièrement le matin (très tôt) et le soir (très tard). Certains chantent avant le lever du soleil, comme la grive musicienne et le merle (ils chantent aussi après son coucher), d’autres chantent toute la nuit et toute la journée : le plus bel exemple est le rossignol, mais certaines rousserolles (fauvettes aquatiques) peuvent lui damner le pion. On ne les remarque pas car leur chant n’est pas beau, mais elles chantent ! |
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Rossignol |
Le printemps est l’époque de la formation des couples (certains sont formés en hiver), mais le chant , s‘il est parfois charmeur , sert avant tout à défendre un bout de terrain : le territoire, qui peut varier de quelques mètres à plusieurs kilomètres carrés. En général, chez les populations à forte densité (merles, rouges-gorges)., plusieurs couples se partagent un hectare de terrain. Les oiseaux chantent surtout en limite des territoires , pour bien les définir. D’humeur particulièrement belliqueuse, ils chassent sans ménagements tout intrus. Certains, plus conciliants, ne défendent que les abords immédiats du nid, et partagent avec d’autres couples un domaine vital où ils trouvent leur nourriture et se tolèrent : chacun chez soi, mais on fait les courses au même endroit, en quelque sorte... |
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Chez les passereaux au plumage très semblable (pouillots) le chant a en outre une fonction de reconnaissance et permet aux oiseaux de ne pas s’hybrider. Quand les deux sexes sont identiques (rouge-gorge), le chant sert à la femelle pour reconnaître le mâle, car en général, le chant est l’apanage de celui-ci (il permet par la même occasion aux ornithologues de terrain de différencier les sexes, dans une certaine mesure). En règle quasi générale, plus le plumage est modeste , plus le chant est compliqué, comme en témoigne le rossignol. Mieux : la fauvette des jardins, au plumage totalement insignifiant, et aux mœurs tellement réservées qu’on ne la voit pas, se distingue par chant très agréable et mélodieux, encore que très discret ! |
Rouge-gorge |
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Geai |
Les oiseaux ne chantent pas de façon purement instinctive : ils ont besoin de faire leur apprentissage et d’entendre leurs congénères pour s’entraîner à leurs vocalises. Certains, comme l’étourneau ou le geai, imitent même les chants ou les cris d’espèces au voisinage desquelles ils vivent. Cependant, si parfaites soient leurs imitations, ils font des fausses notes, ou se laissent aller à des improvisations, véritables pots-pourris de leur répertoire. Ainsi le geai imite parfaitement la buse, mais le miaulement typique du rapace est souvent suivi d’un gargouillis rauque, qui trahit son auteur trop bavard ! Pourquoi ces imitations ? |
Buse |
Est-ce un jeu, un don inné pour les langues étrangères ou un moyen subtil de protection … ? L’imitation aurait-elle pour but de tromper l’ennemi en lui faisant prendre des vessies pour des lanternes ? C’est bien possible : le geai, en imitant la buse, semble dire à l’autour dont il est souvent victime : « Passe ton chemin maraud ! Je ne suis pas un geai, je suis une buse ! » et l’autour berné irait chasser le geai ailleurs… Pourquoi pas ? |
Extrait de "Promenade au fil des saisons" de Jean-Marie Polèse.